[PRÉCÉDENTE]          [Blueprint]         [SUIVANTE]

La Texte en anglais )

****************
***********************************
**********************************************

Note d’Elf. — Ce pamphlet fut découvert et sauvé par Mike Maddigan, le Lourdaud Industrieux, de Cedar Rapids, Iowa, aux Etats Unis. Il est très, très gentil et il l’a scannérisé pour moi, me permettant de le mettre en ligne.


Mon bon ami, Bill Thayer, est un prince parmi toutes les hommes pour son aide avec mon français faible et mon latin inexistant. Un simple Merci ne suffit pas, j’ajouterai donc mille bisous ! — S. R.

**********************************************
***********************************
****************

De la Carmina Macaronica, Vindictae Adversus Julium Simonem Carmina Latina Prohibentem, Epistolium Ad Radicales, Francportus Hecatombe, par A. Tristellati; Brest: Imprimerie Roger Père, rue Saint-Yves; 1873 ; pp. 7-19.


[1]

A. TRISTELLATI

Carmina Macaronica

_______

Vindictae

Adversus Julium Simonem

Carmina Latina Prohibentem

_______

Epistolium Ad Radicales
_______

Francportus Hecatombe

~~~~~~~~~~~~~~~~

__________

Si sermone opus est modò tristi, sœpe jacoso

HOR., Ars Poët.

BREST

Imprimerie ROGER PÈRE, rue Saint-Yves, 32

__

1873



[2]
[blanc]
[3]

AVERTISSEMENT

________

Dans l’Introduction du Macaroneana1, M. Oct. Delepierre, de la Société des Antiquaires de Londres, s’exprime ainsi: «Malgré les attaques dirigées, au nom du bon goût, contre la poésie macaronique, des hommes d’une haute intelligence et qui occupent une belle place dans l’histoire, s’en sont amusés, ont même été jusqu’à témoigner pour ce genre de littérature le plus grand enthousiasme.» Il nomme ensuite le cardinal Mazarin, L. B. Alberti, Laurent de Médicis, l’évêque Gibson, Naudé, Genthe, Flôgel, etc., et, parmi les curieux et riches collectionneurs de macaronées, Ch. Nodier, Peignot, et M. Sylvain Van de Weyer, ministre plénipotentiaire de Belgique à Londres.

M. Delepierre s’applique à distinguer le style macaronique — 1o du langage hybride, c’est-à-dire mélangé de mots de langues diverses, 2o du pédantesque, qui soumet le mot latine aux formes du langage vulgaire. «La macaronée, au contraire, dit-il, assujettit le mot vulgaire à la phraséologie et à la syntaxe latine.»

L’Académie française, dans son dernier dictionnaire, a adopté la définition suivante: «Poésie burlesque, où l’on fait entrer beaucoup de mots de la langue vulgaire, auquels on donne une terminaison latine.»

4

Les règles de le prosodie latine sont adoptées le plus généralement dans la composition des macaronées. Parfois, cependant, elles s’expriment en prose rimée, comme dans les lignes suivantes :

Ego macaronicum,
Hybridum, pedantiscum
Auctoris ad libitum
Credo posse melari,
Bonum latinum aussi;
Dûm fiat agrementum,
Et sal inusitatum
Foisonet rogæ bonum
Per oppelum badinum,
In modum phantasticum
Barbaturi barbari.

Naudé appelait le style macaronique «la plus divertissante raillerie que l’on puisse imaginer.» (Macaroneana, page 67.)

Henri Hallam (Histoire du moyen-âge), Baron (Histoire de la littérature française), Sainte-Beuve (Tableau historique et critique de la poésie française au 16e siècle), font remarquer que les macaronées ont favorisé la réforme, bafoué l’expression de l’Église, et servi d’instrument d’opposition religieuse. — Ce serait là un titre fort peu recommandable; mais ces observations exclusives me semblent faites de parti pris. La vérité est que des poëtes et des orateurs macaroniques se sont rencontrés dans toutes les opinions, et que leur langage ardent et moqueur a dû surexciter la controverse. Les meilleurs modèles du genre sont, au surplus, tout à fait étrangers aus querelles de religion. — Arena, J. Germain, Cec. Frey, Geddes, W. King, John Grubb, les auteurs anonymes 5 du Michel Morin des Vœux de nouvel an, de la Polkamanie (un anglais),* de l’Éloge du Fromage (un allemand), M. Baron lui-même, dans l’Éloge du Cochon, etc., ont traité avec grâce, avec succès, des sujets tout autres, fort variés, exempts de satire et de raillerie, simples amusements ou fantaisies littéraires assaisonnés de plaisanteries bien innocentes.

Voici la liste des auteurs macaroniques cités dans le Macaroneana :

ITALIENS. — Bassano, — Tifi Odassi, — G. G. Allione, — Teofilo Folengo, — Guarini Capella, — Egidio Berzetti, — Bartholome Bolla, — Bernardino Stefonio, — Andrea Baïano, — Cesare Orsini (Stopinus), — Ant. Affarosi, — Gab. Barletta, — Part. Zanclaïo, — Giac. Ricci, — J. B. Graseri, — Meno Beguoso.

FRANÇAIS. — Ant. d’Arena, — J. Germain, — Remy Belleau, — Et. Tabourot, — J. Ed. de Monin, — J. Cècile Frey, — Mich. Menot, — Théod. de.Bèze, — Colleton Caron, — Rabelais, — Molière, — L. Bern. Roger, — Et. du Tronchet, — Plutarque drôlatique, — Anonymes.2

ALLEMANDS et NÈERLANDAIS. — Divers anonymes.

BELGES. — M. Baron.

ANGLAIS. — W. Drummond de Hawthorden, — Th. Coryate, — George Ruggle, — Edward Benlowes, — Will. King, — Autre 6 Will. King, — John Grubb, — Alexand. Geddes, — Félix Farley, — Tom Dishington.

PORTUGAIS. — Auteurs divers.

ESPAGNOLS. — Garci Sanchez.

Il va sans dire que M. Delepierre, bien que très-versé dans la bibliographie spéciale des macaronées, a dû en omettre quelques-unes. Nous lui indiquerons, par exemple, celles de Lelaë, juge à Landerneau à la fin du dernier siècle, et le Spinacia, Paris, Simon Dautreville, 1850. — Il ne paraît pas, non plus, que l’auteur du Macaroneana ait recherché les œuvres restées manuscrites, que peuvent recéler les bibliothèques publiques ou particulières. Nombre d’adolescents, tout au moins, en ont certainement composé. Je pourrais nommer le recteur d’une petite paroisse, ancien principal d’un collège de Basse-Bretagne, qui, étant écolier, commençait ainsi un poëme sur la foire de . . . . . , qui se tenait le mardi de chaque semaine:

Ecce dies Martis; eniunt grands bragues in urbem,
Sabbotibus que suis faciunt tremblare pavetum. . . .



NOTES



 1  Brighton et Paris, 1852, un volume in-8o.

 2  M. Delepierre mentionne, page 177, un ouvrage intitulé : Poëme macaronique en forme de déclaration de guerre à tous les mauvais payeurs, etc. Paris, 1783, in-8o. — Il déclare n’avoir pu se procurer de renseignements sur cet ouvrage, ni en Angleterre, ni en Belgique, ni en France. Le susdit poëme est d’un sieur Margueré, dont j’ai trouvé le nom dans le Bulletin du Bouquiniste; et il m’a été communiqué, dès ma première demande, à la Bibliothèque nationale. Ce n’est nullement une macaronée. Il est tout entier en vers français burlesques, souvent assez plats. — Je l’ai parcouru et n’y ai rien trouvé d’intéressant.



A pen and ink cartoon of a medallion with a jackass braying in the foreground before a gazebo, under a key with a sparkling lyre taking the place of the sun, drawn in the late 19th century
[blanc]
[7]


VINDICTÆ

MUSÆ MACARONICÆ

Adversûs Jul. SIMONEM

CARMINA LATINA LYCÆORUM ALUMNUS PROHIBENTEM



AD DOCTUM ET ELEGANTEM VIRUM

Darium ROSSI

Humaniorum artium disciplinæ addictum, disertas de isto jussu ducentem querimonias1

__________

I.

Gaillardus semper cantansqne, ut pinsonus, esto.

(Herm. rom.)

Non luge, Rossi; latias non ritè Camœnas
Plaignato, quas frigidulis pulsare lycæis,
Jussu inconsulto carillonnàque tabellà2
Tentavit Simon; dadafourchans ille minister
Se attaccat frustrâ, fortunâ inflatus, Olympo;
Despuit in ventum, quod ventus semper abhorret
Et punit, ad nasum turpes reddendo bavillas.
Cœlicolæ, ut nostros aleant foveantque pueros,
Vel minimo claustri noscent penetrare meatu,
Purpureas alas saltem monstrare fenestris
8 Quas ego... sed clictus nunc vitro sufficit ictus.
Nec moror; en psallam joculans tambourine basco.
Farces quas Helicon hoc casu vidit. et ultra,
Per triste id tempus, Momo ducente, videbit.


     Simonis magni cûm littera jacta per auras
Montibus archcocax advenit, fortê talones
Gallis tornabat capricando Pegasus unglo;
Ad caudam idcircò se apposuit, — aspera fata,
Sed merita, et memet subitô perfecta malignà :
Appellans Michaël-Morinum, famulantulum Olympi,
Huic jubeo lettram sub equinâ stringere caudâ,
Ut balli-ballæ cujus sint causa riandi,
Ritu librantis, dansâ currente, crocotæ.
Ad rem patrandam, garteras præbeo bellas
E nugis Pindi in mea chûtas sacca-malicæ.
Erant tæniolæ fugientis justa Thrasonis
Carcera Pieridum, sottis inflicta paressis,
Queisque puer, crines religans, Phœbea blagârat,
Ut quondam Arcadicus Philomelam irrisit asellus3
9 Et Mornius prestò : «Jussum persolvitur (inquit);
«Mireris jolium quod gessi, Musula, nexum !  
«Est arctus, rectus, doublatus, clave marinâ,
Et gallans, habili troussatis arte rosettis !  
«Hanneto !   subvolita; grandmaister Simo scholarum,
«Si benè non volitas, gorjam tibi, fichtre !   secabit;
«Vallibus Elysiis Simonis pande chedœuvram;
«Hanneto! subvolita; te spectant sæcula vingti !   »
Sic fatur Michaël, dorsum flattando cavalli
Assuetis manibus dauratam ferre provendam;
Istius at drôlæ sequitur pulchramen afairæ.
Nescio quid doluit, trepidat citò Pegasus ales.
Et petulans, prouh !   prouh !   pettarada maxima miscet
Crottibus horridulis, chartæque sub ætherea pulsæ.
Charta quid adversûs potuisset verbera caudæ?
In lapsu tournans, flicflacsona quelcuna claccat,
Et lourdè tombat, scripto lourdata balourdo,
Ut ruit ex cœlo plumbis mactata becassa.
Momus hians aderat, qui hoc factum crottibus implens,
Adjungensque amplam Lethei fluminis undam,
Salsatasque Midæ aures, grandgaminique Thrasonis,
Fasciolam duplicem, absynthum, elleborum et macarone,
Trempavit soupam radotantibus atque nigaudis
10 Condignam theæ quam Gibou et Pochet, ad unguem,
Portieræ illustres, agitarunt. Morio deinceps
Aurati cumulans vastum ventramen aheni,
Hoc tulit ad summum, generosâ mente, magistrum
Qui, jabotum gonflans, celso sibi dulcè riabat,
Impius in Superos, linguam vexando Deorum.
Ignoramus adhûc si quello soupa placebit;
Ignoramus ei si abstulit farsula risum. . .
Intereâ OMNIS-HOMO costas sibi follè tenebat,
Tirlipitante suo creptantibus ente cachinnis.



     Haud igitur, Rossi, plaintas vel soulcya mæsta
Ducere nixus eras, patriæ truculenta resorbens.
Tristes inter res, quædam sunt tantò baroquæ
Ut lacrymas nequent zygomattica tollere muscla,
Sed, titillata, I largo flectuntur hiatu.
Et desopilandam versantur pungere rattam :
Talis erat Simon, mittens Parnassidem in exil,
Atque blocans fontes Aganippidos Hippocrenes !  
— At modus in rebus; paulisper sisto riandi.
Sunt immortales Gallorum mentibus Illæ
Pierides, blandæ nutrices, usquè per annos
Dilectæ, cultæ, neglectaque nulla timentes.
Hugo frontipotens, Simon, Voltarius ipse,
Antè Virgilium Flaccumque oblivia prompta
Formidare queunt. Vel prædia rustica monstrans
Vanierus, flores laudans hortosque Rapinus,
Festivos modulans Christo Santollius hymnos,
Asservant famam in studiosâ gente scholarum.
Rollinus, Coffin, rectores ambo juventæ,
Prævalidant Simon, stirpes tulando futuras.
Illos assequitur sapientûm norma magistrûm
Qui formare volunt benè natos instudiantes,
Non tantûm utilibus, positivis, terricolisque,
Sedque altis, sanctis, et menti rebus amœnis.
Verûm etenim caro junctæ sunt sorte Novenæ :
Urania astrorum, populorum Terpsicha dansas,
Calliope, Clio, Polyhymnia gesta frequentant;






A pen and ink cartoon of Pegasus flying in the sky and pooping on an poster of an edict by Jules Simon.  It is held by a joker standing on earth below.  It was drawn in the late 19th century.


11

Melpomene, Euterpe, Thalia, Erato, insimul ardent4
Væ cui quod renuit !   Fourrat sibi doigta per œillos.
— Ah !   pro vendendo chandellas atque cafetum,
Choucroûtam, brandy, boudinos atque bierram,
Toilas atque drapos, perrucas et solieros,
Broderies, schallos, dentellas et potapissos.
Maisones, campos, Françam vel crimine totam.
Cursibus et Bursæ sectandis aure tenaci,
Et cultu cunctis reddendo materiebus,
Pro benè soupando, gaussando, rigolinendo,
Alti non opus est Parnassi grande loquelâ;
Nix, ia, Teutonum chôs’istis sufficit, hercle !  5
Fas onagris comptas de septo arcere cavallas,
Et bouticant Ausoniam comptoire Camœnam,
Sed non Grandmaistro Pindum vastare virentum,
Aut Phœbum atque chorum Genovefà trudere colli6.
Attamen, et quanquâm multo sit jussus amarus
Cordi, præsertim biviatûs fortè patronis7,
12 Rideo, sperno simul mentem spectando superbam,
Præcipitante levi normas arodre novandi,
Legès victoris tâm promptu subtereuntem
Ut latios avos cum Musis sontè negârit.
O nucium cessa, cessa quassator inique !  
Hoc non durandum est; et, parvo tempore crisis,
Si scaber est panis quem mandunt infamulantes,
Se pistore fichent, ut se quoque fichat Apollo !  
Dedignatur enim, post vanum castigamentum
Inflicium Phrygiæ Regi, vulgares vellere in aures.
— Pulchræ, immortales, temnunt blasphemata Musæ;
Paulò ulciscentur; vetitum autem mandere fructum,
Imprimis verdum, benè acerbum, multô crocantem,
Discipulis certè jubilamina dulcia spondet,
In quibus omnimodò plausu flatuque juvabo,
Musula faribolum pipitrix, operisque folâtri,
Omnes qui illecebras cherchabunt et batifollas.
Fautâ grivarum merlos satis esse beantur
Gloutoni juvenes, ac ipsi gutture lauti.
Artis jâmque meæ joyosi nempè magistri,
Coccaïus, Belleau, dansarum doctus Arena,
Bezuis et Bolla, et Rabelasius, et Molierus,
Drôleriis salsis charmantia floscula præbent,
Quorum adolescentes speciosa exempla faceti
Æquabunt, malgris rectoribus atque pionis,
Et bridam cunctis laxabunt fantasiabus.
Tunc per banca sciam montabunt continuelam
Simoni, quovis non unctam lubrificante,
Dentibus at totis grinçantibus, — oh !   la la !   mein her !  
Sæpe infrena crepantem et brûlantissima strictra.
Causam cui povero, nî se pendere sub arbrum,
At saltem digitos pravis evolvere gestis
Et Dolpho-Therseï spurcatam reddere capsam.
Haud misericordes etenim plerûmque pueri :
Phallepa, dironti, mè phallépa, phallèpa kiliai !  
Qui blaterat Musas, blaterabitur aptiûs ollis.



13

II.

Ite, igitur, pueri; linguis animisque favete.

(JUV).

Horresco !   strident serræ; te, grande Magister,
Tornatim nostræ mordebunt atque sciabunt
Dentes in parvos morcellos millia centum,
Tâm tot mittendos ad centum mille diablos.
Sint A, B. C... dentes, primi fors ecce sciatus :

A

Ut restes, Simon, per tempora longa minister,
In paradoxa ruis, vafer, et queis nemo subindè
Ambiguas vellet paulisper promere curas.8

B

Bonus, bona, bonum,
Et prosæ paululûm,
En omne latinum
Lycæo concessum.
Sed colere Phœbum
Incommodum, stultum,
Atque prohibitum !  
Malus, mala, malum !  
Pauver, pauvra, pauvrum !  

14

C

1.  Quid opus est versu latino cantare?
     Et quid opus prosâ latinâ pallere?
     Nonne satis gallum parlare, legere,
     Scribere, comptare, facilè rimare
               Sub tono Tra, tra la la (bis)
               Sub tone Tra deri dera.
                         Tra la la?


2.  Linguam allemandum est aptum discere,
     Valsas et valsantes benè cognoscere;
     Tunc non Septentrio vincet Meridiem;
     Meridies autem habebit requiem
               Sub tono Tra, tra la la, (bis), etc.


3.  Oportet præsertim credere Simoni,
     Non esse memores generis paterni;
     Nempè si latinum nimis loquimini,
     Habiamini, gazzamini, scorchamini...
     Hinc bellum choucroûte contrâ macaroni,
               Sub tono Tra, tra la la (bis), etc.

D

1.  Au Parnasse il est un chêne.
     Arbor antiqua mundi,
     Où nous grimpions, hors d’haleine,
     Præmia spe gagnandi,
     Mais ce beau mât de cocagne
     Non placuit Simoni;
     Il a dit : Arbre et montagne
     Non valent macaroni (bis).


2.  Ce n’est pas qeu Simon aime
     Macaroni-ratata;
     Car c’est chère de carême
     A latio trovata.
     Ce que le Grand-maître estime
     Pingue est in lechefritâ :
     Dindon, caille, et pour la rime
     Saucissus cum choucroûtâ (bis).
15

3.  Adieu, chêne du Parnasse,
     Myrtæ dulces et lauri !  
     Toute langue, toute race,
     Cultusque sciat mori !  
     Le jeu n’en vaut les chandelles;
     Non lucrum dant carmina;
     Au veau d’or soyons fidèles;
     Vivat Sancta Crumena! (bis)

E

Simon !   Simon semper eris;
Forsan PE-TRA9 vocaberis
A Satano, cûm videbit
Netra super quo struxerit
Ædem Revolutionis
Dicatam diablis inferis,
Quæ, jàm lezardata in muris,
Ecroulabit in tenebris.
Simon, Simon !   pauper Simon;
Frustrâ rimaris cum Dæmon.

F

1.  Nuper apud Gallum,
     Ad oram Sequanæ,
     Terribile bellum
     Venerat in fine.
     Tempus pacis bonum
     Musis, Apolline...
     Viva sal latinum
     Atque macarone !   Bis


2.  Atqui nunc est jussum
     Simoni potente
     Antiquum Parnassum
     Fermare juventæ;
16      Missæ sunt ad Diablum
     Correctæ Camœnæ.....
     Viva sal latinum
     Atque macarone !   Bis.


3.  Si Prussi prædios
     Nostros desolare,
     Causa sit nimios
     Musæ cultus dare.
     Curramus ad Pindum lauris cuisinæ...
     Viva sal latinum
     Atque macarone !   Bis.


4.  Tunc linguam Teutonum
     Oportet discere,
     Et illud jargonum
     Classico miscere;
     Mixtura sermonum
     Nobis placet benè...
     Viva sal latinum
     Atque macarone !   Bis.


5.  Gradus ad Parnassum
     Erat coûtabile;
     Opus minûs grossum
     Erit plus utile.
     Librairi, — jus bonum !  
     Biscabunt mâtinè...
     Viva sal latinum
     Atque macarone !   Bis.


6.  Hurrah !   vivat semper
     Simonis gloria !  
     Hic Summus magister
     Auget ludibria.
     Bahut fit amœnum
     Julio Simone...
     Viva sal latinum
     Atque macarone !   Bis.

17

G

Musas ut muscas chassantem turpiter illum
     Pœniteat culpæ promptiûs et validè !  
Vindex accurrit Phœbi chorus omnis, et unâ,
     Cum virgis lauri virgilificat lul-um.
Ipsa ego de Pindo in lutum pulsata clabousso,
     Nullaque cuistrorum brossa lavabit eum.
Quotquot se tollunt de magno sidera ponto.
     Tot rorate suis, æquora, luminibus.

H

Trempa tuum panem,
O Simon beate !  
In soupam alacrem
Quam portavit ad te
Momus in stichabus
Macaronicabus !   Bis.



...............................................



Se tantûm cantare m’essouffle !  
Vos cæt’ri, cætera !   Pantouffle !  

_______________

Lundigrasso, sexto Kalendas Martii, 24 feb. 1873.

Scribebat A. TRISTELLATUS.

Musæ macaronicæ ab altaribus ponticis.



NOTES



 1  Le journal Guida del Popolo, imprimé à Bastia, contient cette élégie de M. D. Rossi, dédiée à un illustre prélat français. Il en a été fait un tirage à part, in-8o.

 2  La circulaire de M. Jules Simon a été insérée sans date au Journal officiel du 2 octobre pour la première partie, et pour la seconde au numéro du 3 octobre 1872.

 3  Ce vers, et le souvenir de l’écolier Thrason (thraso, téméraire, bravache), qui s’échappe de la prison du collége, en se moquant d’Apollon et des Muses, sont tirés de l’Origine de la Cadenette, Crinalis catenulæ origo,** pièce insérée aux Musæ rhetorices du P. de la Sante, recueil intéressant où quelques sujets badins, traités gracieusement, occupent une petite place. La présomption et la paresse, alors comme aujourd’hui, ne manquaient pas de prétextes à opposer aux puissantes raisons invoquées par Rollin, dans son Traité des Études, pour faire ressortir l’utilité de la versification latine dans les colléges. Voici les prétextes de l’inventeur de la Cadenette, et M. Simon n’en a pas donné de plus plausibles:

Cur nos Pierides, cur nos crinitus Apollo
Futilibus nugis studioque morantur inani?
Desinat Aonias tua, Phœbe, superbia lauros
Ostentare, quibus vatum delira coronas
Tempora; si qua tuis, te judice, gloria lauris,
His tibi cinge caput; placeat mihi Martia laurus
Una; unam deceat generosos nectere frontes.

Et voici, maintenant, en bien peu de mots, les grands motifs de favoriser la poësie dans nos établissements d’instruction; la poésie latine, s’entend; car il serait imprudent de stimuler, dès un si jeune âge, l’essor inconsidéré d’une Muse facile, et souvent trompeuse :

. . . . . . Te nostræ, divina Poëtica, menti
Aurigam dominamque dedit; tu flectere habenis
Colla reluctantûm; tu lentis addere calcar;
Tu formare rudes; etc.

POLITIEN.

Jac. Wallius a écrit en latin, sur ce thême, une bien jolie lettre, addressée à l’un de ses neveux, au commencement de ses études : «Cur poëtas multi docti homines in postremis habeant; ut rem fastidiosissimam, velut inutilem aut longè infrâ se positam, poësim despiciant, non aliud occurrit certiûs, quâm quod et ipsi absolutissimâ literarum cognitione et ornamentis ingenii atque linguæ, necessariis ad poëticam prœsidiis, careant.» — M. Jules Simon trouvera cette petite lettre à la fin de l’édition d’Anvers, 1699.

 4  GOETHE, dans Hermann et Dorothée, atteste avoir reçu tour-à-tour l’inspiration des neuf sœurs, auxquelles il a consacré, dans l’ordre suivant, les neuf chants de son délicieux poëme : Calliope-Terpsichore, Thalie, Euterpe, Polyhymnie, Clio, Erato, Melpomène et Uranie.

 5  M. L’Héritier (de l’Ain) a fait une énumération analogue dans le Plutarque drôlatique à propos d’Alexandre Dumas : «Moneta gubernante, papiero timbrato administrante, suifo, cotono, laînà, pipere, sucro, caneliâ, clysopompà, stercopodretà, arabico-racahuto et cahutchucio regnantibus, il a reconnu et courtisé tous ces pouvoirs.»

 6  «Si, parmi les hommes qu’emporte le mouvement de la Société moderne, il en est qui n’ont pas le loisir de consacrer leurs enfants aux grandes études classiques, qu’ils suivent la pente de leurs intérèts et n’exigent pas, sous couleur d’égalité, que l’enseignement descende pour tous au même niveau.» (Disc. de M. Batbie, ministre de l’Instruction publique, à la distribution des prix du Concours général de 1873.)

 7  Biviatus pour bifurcation, nous semble plus exact que les expressions trivium et quadrivium, usitées au moyen-âge, pour désigner, d’une part, l’enseignement de la grammaire, de la rhétorique et de la dialectique, et d’autre part, celui de l’arithmétique, de la géométrie, de l’astronomie et de la musique.

 8  Cette tactique du paradoxe, mise en œuvre depuis quelque temps, par certains hommes du pouvoir, afin de s’y perpétuer, est d’une habileté funeste. — L’on conçoit, en effet, qu’une fois le bonîment promulgué sans opposition, son promoteur soit seul apte à en suivre, à en régler le développement et le progrès, et que de meilleurs esprits d’assumer les difficultés d’une marche rétrograde. Ainsi, le paradoxe incarné se perpétue avec ses tristes conséquences. Il ne faut pas moins, ensuite, que l’évidence d’un impasse, ou d’un désastre imminent, pour en déterminer, trop tardivement, l’abandon, avec la chûte de l’inventeur.

 9  PE-TRA, quelle chose. — NE TRA, nulle chose, rien (Dictionnaire breton-français).

[18]


EPISTOLIUM

MUSÆ MACARONICÆ

AD RADICALES

_____



«Isti troublàrunt mutino brouillamine Françam.»

Remy Belleau. — Bellum huguenoticum.

O blaggatores mundi, falotique savantes,
Qui scitis legere, et comptare, et chirographare,
Ideis creusis ronflantes tundere phrazes,
Crebràs esmeutas avidi suadere popello,
Qui ab singis patribus proceditis, auspice Jocko,
Seu crocodil‘atris, radjahs Timoris ad instar,
Quique negate Deum, bambocchica grossa genantem,
Cuidantes Christo meliores esse magistri. . . . .,
Vos amo !   Bacchus itou, Venus, idolatria cuncta;
Sed nimiûm fortes vos trouvant farcibus ipsi,
Cascadibusque bone minitantes culmen Olympi,
Ergò, pantoquetas1b braillantes estaminettis,
Otia cabboulotis, saloonis bella gerentes,
Dûm vestram bossam roulatis ventre criardo,
Vobis nunc vellem badinosos ludere versus,
Grandaque joyositas esset choreare simultim.
Nam mea par vestræ, bonamici, constat origo,
Ut modò plaisanti monstrabo carmine, fratres.
At me fata vetant his indulgere jocosis
Quin priûs accelerem vos castigare cheritos,
19 Brevi pro longis, ribaldi, grundine noxis.
«Qui benè castigat benè amat» jâm dixit et alter.
O Radicales! tapajans pecus omnebibentûm,
Escoutate meas, auri prudente, querelas.


     Confiteor, fratres, ego sum quoque neptila singæ.
Grandpater hirtus Pan, grandmater Fausta-Gorilla
Hybridulam peperant cui nomen Bella-Macacca.
Corpore bella suo, câlinaque fronte mignardo,
Mnemosinæ illa fuit quondam violenté jalousa
Quam fecundârat Musis felicé novenis
Juppiter omni-parens, Atqui, cûm forté flanaret
Rex Superûm in terrá, sortes cherchando galantas,
Hunc videt, hunc epiat subitò exsilit impetuosa,
Cajolat astutè modò flirtitur ipsa per illum,
Mnemosquam simulans, et mascans gripmina tendris.
Nox erat; et gilvi sunt omnes noctilè catti !  
Fraus inopina Jovem tàm prompta sub oscula troublat. . . .
Et nascor, duplicis deployans indolis æstus :
A Jove, cœlicolum mi advenit ofrma loquendi,
Ingenium vivax et aliquid numine dignum;
Maccaque drôleriis me multûm nutriit alma
Quæ faciant risu sæpissimé pouffere gentes.
Proptereá ad mentum me caressavit Apollo,
Sub sellisque chori me collogeavit in altis,
Tympanulum semper, cum masco sæpé gerentem
Pro memori matris simulo, patrisque tonitru.
Melans ambrosiæ ductam cum fromage pastam,
Cuisinis Pindi Macaronia Musula dicor;
Æolides Macareus, vicinus nomine quanquâm,
Æolides Macareus me corâm pedere nec quit.
Ridiculis hilarans, itidemque maligna malignis,
Sum gentilla bonis garçonibus, undiquequâque
Cortisata satis juvenum bouillante catervá.
Sed numquâm, testor, nunquâm nunquissimé, juro,
Neptiolam singæ vellem æquiparare sorellis
Mnemosinà divà, ut divo Patre, nobilitatis.
Me pudor enchaînat, memet non sentio dignam
Illarum, verbis collantem sauvaja cultis.
20
     Hei bené, singigeni !   caudatis nonne duobus
Quadrumanis nati, genealoga vestra fatentes,
Hæc mea, justa nimis, exempla subire potestis?
Imò habile et proprium, decet, expedit atque necesse est
Gentibus humanis gentes secernere vestras.
Ampliûs offensas non vult tolerare babouinas
Omnipotens Genitor, cujus mandata facesso.
— O Radicales !   paulatim corpore si vos
Changeastis, non cœlesti tamen ente fruentes,
Constaner bassos monstratis pectore diro
Fulvorum instinctus, queis, panditur ortus ab imo.
Fratres inter vos, hominum autem nomen et ædes
Usurpavistis, cœlo terræque molesti.
Nil magnum gestis, nil dignum, nobile vestris;
Non amor in Psychen, tantûm furor ardet in artus;
Vos Furiæ ducunt, non veró justa Minerva
Per cædes, astus, annexatam urbibus URBEM.
Ignoscat ve PIUS, veniam det sive Redemptor
Mitis; at Superi quos ridiculastis Olympi
Diffitentur vos, ullis sine laudibus ausos.
— Vadite, singigeni; lætas cherchate forestas
Quæ pariter vobis glandes fontesque minstrent;
Vignificate locos; sine vitibus esse nequetis;
(Sed non gaillardos, brutas facit archibibatus).
Frangite connubium; crebrò mutate femellis,
Cuomo de vestiment, vultis putà ferre chemisas;
Natos et natas communi parte creatos,
Vos embètantes escam potumque petendo,
Grouillantes poveris dimittite matribus illâc;
Putres ad libitum lutis infoutite mortos,
Sine crux, sine lux, sine aqua benedictus,
Et quod pejor est, importunos sine sacersos
2. . . .
21 Nec troublate novis facinorgibus ardua rerum
Tempra; nec tetro solemnia rumpite flutu;
Pestila nec faiblis animabus ferte venena;
Nec brûlate domos, archîvas et monumenta;
Nec tentate, pigri, fructum violare laboris,
Vos sociale novà jactantes pandere crustà3. . . .
Nec... nec...; funebre hoc nollem deroulare chapitrum
Cui non dissimiles estis donare parati.
Concludo; fidis, bonamici, credite verbis :
O Radicales !   Non mesmas ducite vitas.
Damnosâque viâ retrò divertite passus;
Aut rapidè scalam degringollabitis altam
Quá ad species hominum lenté ascendisse putatis
Spontibus attomulis, nullo generante Deorum.
Ex intellectu tantùm gardare maliçam
Fas erit, è falso brouillamina fœda savoiro.
Verbo iterûm à cœlo privati, — pœna blagâtûs
Et jacti prælo poisoni quotidiano, —
Chimpanzæ, Satyri, Bacchi turpîssima turba
Mox eritis, Dixi; supremum audita monitum :
Singigeni aut homines, tandem resipiscite !   Bonsoir !  

________


Mardigrasso, quinto kalendas Martii, 25 Febr. 1873.

Scribebat A. TRISTELLATUS.

Musæ macaronicæ ab altaribus ponticis.

NOTES



 1  Pantouqueta (provençal), chanson à boire.

 2  Ces deux lignes, étrangères à la prosodie comme à la grammaire, sont le texte d’une oraison funèbre, très-plaisante, en vers bas-bretons en l’honneur du geai du curé de Saint-Jean-du-Doigt. — Meulidiguez quguin gaër cure Sant-Yan-ar-Bis.,*** Morlaix, chez Ledan, vers 1803.

 3  Nova Crusta socialis, la Nouvelle couche sociale.





[22]

FRANCPORTUS HECATOMBE

_____



Nullos espargnat enrabiata lues.

ARENA. — Bell. gen.

Vah !   stupeant gentes !   poili plumæque phalanges
Vulpes et cervus, lepus, aper, phasia, perdix,
Per campos, silvas, — Spatiosa per æthera cœli,
Autumno insultant, sanctum joculantur Hubertum.
Incagantve bonæ tristantia templa Dianæ.
In vacuo restat permissio chassis inanis
Carnere; fichuta et mea currunt franca viginti.





     Est propé Compeignam Francportûs hospita villa
Quà fueram, pauper, pro opulentà chasse vocatus.
Possessor villæ, meûtarum fortis amator,
In canibus centum vigilantes ducere curas
Suetus erat; laté hoc celebrabat fama dog-huttum.
Heu !   quid aïam? lacrymis citó suffocarer amaris
Si sortem subitam vellem narrare disertim !  
Pauca loqaur : Nemorum Nymphæ, diffundite fletus !  
Flete, piæ, mecum; nil tám crudele Dianæ.
Vixerunt centum lecti pro stirpe molossi
Racibus in multis quas dixit laude Fracastor.
Vixerunt centum !   Nymphaæ, diffundite fletus !  
Horrisona hæc centum reticebunt guttura posthàs
Quorum waobao tremblabant cervus et aper,
Prædo lupus, caulumque vorator Jano-lapinus. . .
Flete, piæ, mecum; Nymphæ, diflundite fletus !  

23

     In comitem turbam nonnullos Marquisus angios
Intermiscuerat, validá de gente, recenter,
Qui tamen occulti rabiei gessere veneni
Germina, et immani socios fædàre momorsu.
Mox agitatores dignoscunt signa pericli,
Sunt et in ambiguo quis sit rabiosus; an ille,
Aut alter? plures possent servare vel unum?
Tunc castellanus, plenus mæroribus, hæret. . .
Paulisper verô; bêtarum nempé medentem
Consulit : Hei !   damnant Epidauri oracula cunctos !   . .
Vultum herus obnubens, compescit palpita cordis,
Strychnina et rapidas mortes poisonna ministrant.
Vixerunt centum !   . . Mea quid sunt franca viginti
Strages anté illas, et tantos anté dolores,
Impensas itidem nummorum mille viginti
Temporis et pœnæ renovandi tale canagmen?
Ah !   mecum Nymphæ, nobiscum fundite fletus !  
Vixit, eheu !   vixit delectæ turba Dianæ!
— Et tu non illos, Circes forté æmula, Strychnin,
Fac mutando homines; habemus satis enrabiates.

A. T.




****************


Notes de l’Ed. Elf.

 *  Ni macaronique ni oeuvre d’un anonyme anglais, La Polkamanie appartient néanmoins au 19e siècle, et a inspiré ce dessin amusant de Charles Vernier, français lui aussi :



LA POLKAMANIE.





La Polkamanie.  Une lithographie par Charles Vernier, de un grand sergent de ville français, rechigné, comme il voit sur une paire dansant.  Le danseur embrasse son compagnon, et ils danserent en une mode très vigoureuse.  Le jeune danseur donne de coup de pied, haut en l’air.


Lithographie de Charles Vernier, 1844.   
Avec l’aimable concours de la New York Public Library.

LA POLKA DES BALS PUBLICS.




— Jeune homme ! . . dites donc, jeune homme ! . . vous dansez là une danse aussi incohérente qu’incompatible avec les autorites constitutionelles de votre patrie !

— Sergent de ville . . . vous m’affligez . . . vous voyez bien que nous Polkons !





*******



 **  D’une valeur équivoque de nos jours, le poème Origine de la Cadenette, Crinalis catenulæ origo, de Jacques-François-Xavier de la Borde, élève supérieur en Rhétorique, figure à la page 29 de Musæ rhetorices du P. de la Sante. J’ai demandé à Bill Thayer son avis sur le poème, vu que je ne connais pas le latin, et lui parle latin et français : il ne l’a pas aimé. Et, pour le reste de la livre, il dit : «Et pourquoi diable s’intéresserait-on - que ce soit moi ou un autre - à un recueil de vers faits par des lycéens du 16e siècle ?  Pas tout ce qui est en latin ne vaut la peine d’être lu !!»

Une cadenette est une queue ou tresse de cheveux, mode masculine adoptée pendant quelques siècles. Elle retombait sur la nuque. L’homme qui lança cette mode était maréchal de France : Honoré d’Albert, seigneur de Cadenet (1581-1649). Au 18e siècle, elle fut ressuscitée par les militaires, qui ont porté la cadenette quelque temps. Les premiers à adopter la cadenette appartenaient à l’infanterie française. Plus tard, elle fut portée tant par les hommes que par les femmes. A cette époque la cadenette pouvait être ornée de rubans, ou poudrée et ajoutée à la perruque, pouvait retomber librement ou être relevée et fixée avec une épingle, etc.

Voici un exemple de cadenette portée par un soldat à l’époque napoléonienne ; le tableau est de Bosio, tiré d’un très beau site sur la mode française : La Mesure de l’Excellence, de Richard Le Menne :



<I>Les Oublies</I>, du François-Joseph Bosio.  Une gravure de un soldat français avec une longue cadenette sous son chapeau militaire.  Il est sourirant et remarquant à des trois femmes et une enfant. De la website, <I>La Mesure de l’Excellence, et, sans dout, de une magasin de cette epoque.

Les Oublies, du Baron François-Joseph Bosio (1768 -1845).
Avec l’aimable concours de La Mesure de l’Excellence.



Voici un autre exemple de cadenette, encore plus ancien, en tresse cette fois retombant derrière l’oreille, tel que la portait Christian IV, roi du Danemark et de la Norvége de 1588 à 1648. On le voit ici dans un portrait à l’huile fait de lui par Karel van Mander :



Un peinture à l’huile de Christian IV, roi du Danemark et de la Norvège, en profil, par Karel van Mander.  Il habila un chapeau noir avec une plume blanc.  Il a une cadenette ce que est très longue, tombant par derriere sa oreille avant de sa épaule.

Christian IV, de Karel van Mander.



Vous pourriez vous demander : «Qu’est-ce qui est arrivé à la cadenette ?»  Mais au 21e siècle elle se porte bien, sous une nouvelle guise, sous un nouveau nom : ce sont les extensions capillaires. Mais l’ancien nom sonne tellement mieux !

*******



 ***  Le curé s’appelait Bail, ou Baill, et vivait au 18e siècle. Ce personnage et son poème badin sont référenciés dans Répertoire général de bio-bibliographie bretonne, Volume II, de René Kerviler, Rennes : Librairie Générale de J. Plihon et L. Hervé, 1888, p. 47, No. 84. Sous «Bail, ou Baill», on lit :

«Un curé de St-Jean-du-Doigt, nommé Baill, au XVIIIe siècle, a composé, dit Kerdanet (Notices chronol., p. 445), copié par Cayot-Delandre (Biog. bret.), des poésies bretonnes parmi lesquelles le poème badin du Geai : Meulidiguez Keguin (sur feuille volante) : mais on ne connaît pas ses dates biographiques.»





****************
***********************************
**********************************************

La Texte en anglais )

[PRÉCÉDENTE]          [Blueprint]         [SUIVANTE]